Culture et mentalité
D’abord communauté guerrière, puis corps d’armée, la Cosaquerie se transforma peu à peu en une vraie nation, avec sa culture et ses spécificités. Née dans le même creuset qui avait engendré l’antique Russie, elle partageait bien-sûr avec celle-ci la langue et la majeure partie de ses m?urs et de ses coutumes, avec néanmoins une influence orientale plus marquée. Car du formidable métissage avec les Mongols et les Tcherkesses, mais aussi les Ottomans, les les Ossètes, les Kirghiz, les Bouriates ou les Toungouses, les Cosaques tirèrent pour bonne partie leurs techniques de combat, leurs habitudes et leurs coutumes, ainsi que leur mode vestimentaire, leur cuisine et leur dialecte, un vocabulaire spécifique d’origine turco-mongole. Pour l’écriture, en revanche, ce fut l’ancienne langue russe qui fut d’abord utilisée, puis le russe administratif à l’avènement de l’Empire, avec un passage par le polonais pour les Cosaques du côté ukrainien.
Le premier grand bouleversement de la cosaquerie fut l’intégration progressive des femmes. Tout d’abord enlevées aux tribus ennemies, puis venues avec les paysans et les fuyards de tous horizons, elles permirent de constituer des foyers et de transformer le mouvement guerrier en véritable société.
L’apport de familles russes permit aussi de slaviser les Cosaques, alors dominés par leurs origines asiatiques. C’est ainsi que la culture cosaque, désormais à cheval entre le mode de vie des nomades et celui des Slaves, commença à trouver ses propres marques. Cette identité cosaque fut donc empreinte d’une importante part de gènes et d’habitudes orientales, mais s’enrichit par les descendants des tribus venues du Nord.

Construite d’abord sur la pratique de la guerre et le besoin de liberté, cette première société était retirée du monde, qui représentait à ses yeux la menace et le danger. Cette manière de voir traversa les siècles et les Cosaques privilégièrent toujours un certain isolement, même durant les campagnes, où ils se tenaient à l’écart du reste des troupes.

Telle était la nature des Cosaques: éloignés des leurs et de leur patrie, ces hommes d’ordinaire gais et pleins d’entrain devenaient taciturnes. Au sein de leurs bivouacs, par contre, parmi leurs camarades et dans leur univers, ils retrouvaient tout l’allant de leur tempérament et, malgré l'épuisement, avaient toujours la force de jouer, de chanter et de rire à gorge déployée.
De tempérament entier et facile, le Cosaque, doté d’une énergie et d’une endurance peu communes, supportait la faim, la soif et la fatigue sans jamais se plaindre, s’adaptant à tout et survivant dans n’importe quelles conditions. Élevé à la dure, habitué aux privations, il était capable de couvrir près de 100 kilomètres par jour durant plusieurs jours d’affilée. Pour rejoindre les rangs cosaques, les candidats se devaient d’ailleurs d’être robustes et en bonne santé sous peine d’être refusés.
Au niveau du recrutement – avant que le statut cosaque ne soit géré par l’État puis ne devienne héréditaire –, les Cosaques n’accordaient guère d’importance aux antécédents des postulants, préférant se concentrer sur leurs capacités physiques, leur bravoure et leur détermination.

Il faut dire qu’un des principaux traits de caractère des Cosaques était la simplicité et qu’ils préféraient aller directement à l’essentiel pour toute chose.
Calculateurs et intéressés, les Cosaques étaient aussi enjoués, bons et aimables. On les décrit à la guerre comme héroïques et téméraires, mais d’un caractère patient et avisé, d’un dévouement généreux face aux ennemis blessés. De retour chez eux, ils devenaient même sentimentaux, d’une gentillesse difficile à imaginer chez des guerriers que l’on a si rudement dépeints... Pourtant, si la violence était coutumière au combat elle n’était pas forcément nécessaire dans le civil, ce qui n’empêcha pas les Cosaques d’être les gardes-chiourmes zélés du tsar, des agents répressifs capables des pires atrocités
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